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Conférencier·ères invité·es
Rodica Ailincai, Professeure des Universités en Sciences de l'éducation, Université de Polynésie françaiseFamille-Ecole aux "marges", que dit la recherche ?Les recherches de ces dernières décennies sur les relations parents-enseignants, sur l’environnement familial et la scolarisation de l’enfant soulignent le rôle de la famille dans la réussite des élèves. En se basant sur les études aussi bien francophones qu’anglophones, cette intervention examinera la manière dont la recherche aborde l’influence familiale sur les apprentissages, la socialisation des enfants et la réussite scolaire. On évoquera notamment les recherches portant sur l’accompagnement à la scolarité par les parents ; les environnements qui favorisent le développement cognitif de l’enfant ; l’influence des styles éducatifs sur la réussite scolaire ; le milieu social, les représentations parentales...
Maryan Lemoine, Maitre de conférences Sciences de l'éducation et de la formation, Université de LimogesCe que les actions éducatives menées dans les marges nous disent des acteurs et des configurations à l'oeuvreCe propos prendra appui sur plusieurs travaux menés depuis deux décennies dans le champ des sciences de l’éducation et de la formation. Présentant à chaque fois les publics et situations enquêtées, nous interrogerons d’abord en quoi et comment ce qui est évoqué se situe dans des marges, puis nous décrirons et analyserons ce qui s’yroduit et ce que cela révèle des rapports entre marges et droit commun, enfin nous pointerons les enseignements tirés des configurations éducatives étudiées. Nous proposons pour cela de « jouer sur les échelles » d’observation et d’analyse. A travers l’étude de l’itinéraire singulier d’un élève en situation de handicap, nous présenterons et étudierons d’abord les éléments alimentant les dynamiques inclusives aux marges, puis en faveur d’une recomposition de la scolarité ordinaire. Nous nous intéresserons ensuite à la mobilisation d’acteurs éducatifs, scolaires, sociaux et familiaux, dans et autour de l’Ecole, qui s’engagent en faveur de collégiens décrocheurs d’un collège de Nouméa en Nouvelle Calédonie, et verrons en quoi cela participe ainsi à davantage ouvrir cet établissement à son environnement social et culturel. Enfin nous verrons à travers l’étude de l’élaboration d’un territoire éducatif rural au sein d’un département du Centre de la France hexagonale, comment des acteurs variés occupent les marges, réagencent les espaces décisionnels
Loïc Pulido, Professeur au département des sciences de l'éducation, Université du Québec à ChicoutimiLa recherche participative, pour se rapprocherLes recherches participatives regroupent un ensemble d’approches de recherche (recherches actions, recherches collaboratives, recherches interventions, recherches orientées vers la conception, recherches-formation, etc.) qui ont pour point commun de reposer sur un partenariat étroit entre acteurs scolaires et chercheurs. Les projets sont élaborés, conduits et mobilisés conjointement. La conférence sera l’occasion de définir les différentes approches de recherche participative et ce qui les distingue. Des recherches qui illustrent que ces manières de faire rapprochent et développent professionnellement l’ensemble des acteurs impliqués seront présentées et discutées.
Dr. Beatrice Antonio-Françoise, Lecturer, Kreol Repiblik Moris Department, Assistant Program Coordinator, PGCE Part-Time ProgramPr. Arnaud Carpooran, Professor, OSK, Personal Chair in French and Creole StudiesPédagogies innovantes, échecs scolaires et pratiques linguistiques dans l’éducation à MauriceDepuis l’accession de Maurice à l’indépendance en 1968 jusqu’en 2015, chaque gouvernement qui s’est retrouvé aux commandes du pays est venu avec son propre projet de réforme de l’éducation, chacun essayant, entre autres choses, de trouver la solution magique à l’un des problèmes les plus criants de notre système éducatif : le taux d’échecs chronique élevé que l’on constate, année après année, lors des examens de fin de cycle du primaire. Lequel taux d’échecs était jusque-là directement proportionnel au taux d’exclusion de certaines catégories d’élèves de l’univers scolaire puisque ce sont les examens de fin de cycle du primaire qui déterminait justement l’accès au pallier suivant. Nul besoin d’ajouter le lien de cause à effet de cette exclusion sur la perpétuation des inégalités sociales et par extension, sur la marginalisation de certaines catégories sociales au sein de la société. En 2015, voulant prendre le taureau par les cornes, le gouvernement fraîchement élu est venu de l’avant avec un autre projet de réforme résolument tourné vers l’inclusivité et l’équité, autour du concept de “Nine-Year Schooling”. S’inscrivant de plain-pied dans le cadre de l’objectif 4 du projet de développement durable des Nations Unies sur l’éducation, qui consiste à « assurer l'accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d'égalité […] », ce projet, en dehors de sa philosophie inclusive et égalitariste fondée sur l’idée d’une éducation dite « holistique », a ceci d’innovant qu’il se structurait à la fois sur l’enseignement primaire et celui du secondaire, considéré ici comme un tout. Ici, les examens nationaux à élimination ne se situent plus au primaire, ce qui signifiait également plus d’exclusion d’élèves à ce niveau, mais au secondaire, et cela démarre en troisième année (c’est-à-dire en Grade 9, neuvième année de scolarité, d’où l’appellation Nine-Year Schooling). Dès lors, deux filières ont évolué en parallèle : le mainstream (le cursus scolaire dit « normal ») d’un côté et le extended stream (le cursus scolaire dit « étendu », de l’autre. Les élèves participant inscrits dans le cursus étendu ont, par rapport à ceux de l’autre cursus, une année additionnelle pour prendre part aux examens de Grade 9). En 2024 cependant, année de maturation du projet Nine-Year Schooling, force a été de constater que les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes exprimées neuf ans de cela. Le taux d’échecs en Grade 9 est nettement pire que ce qu’il avait l’habitude d’être avant 2015, indiquant clairement les limites du tout dernier projet de réforme. En 2023, les statistiques indiquent, en effet, un taux d’échec alarmant de 96.4% chez les étudiants de l’extended stream, ce qui représente 12,000 étudiants qui se retrouvent pour certains, exclus du système scolaire. Seuls 3.6% de cette population estudiantine, soit 71 étudiants, ont réussi à passer en Grade 10, réduisant par la même occasion le nombre d’inscrits dans les différentes écoles à cette étape du secondaire. D’où la nécessité de se poser de vraies questions sur ce qui pourrait ne pas avoir marché, et s’interroger par la même occasion sur d’autres pratiques éducatives développées « aux marges » du système éducatif dominant, et qui ont fait leur preuve, à leur niveau, grâce à des pédagogies fondées sur le multilinguisme dans lesquelles la langue première de l’enfant (dans le cas Maurice, il s’agit du Kreol Morisien) occupe une place importante. En effet, il y a lieu de rappeler qu’il y a presque 20 ans maintenant, un autre projet, appelé Prevokbek, avait vu le jour au sein de certains écoles catholiques de Maurice, pour prendre en charge des élèves qui, après deux échecs successifs aux examens de fin de cycle du primaire, s’étaient retrouvés doublement en marge de la société : d’un côté, parce que leurs résultats ne leur permettaient pas d’avoir accès à un établissement secondaire ; de l’autre, parce qu’ils n’avaient pas encore l’âge légal pour travailler. Le projet Prevokbek, optant pour une forme d’éducation bilingue pour ce groupe d’élèves, avait ainsi mis en place toute une méthode d’apprentissage avec le Kreol comme principal medium d’enseignement, à côté, de l’anglais et du français. Les résultats après trois ans, étaient nettement plus concluants que ceux que l’on vient de voir avec l’Extended Stream dans le cadre du Nine Year Schooling. Nous nous proposons donc de faire ici, dans un premier temps, un état des lieux des différentes réformes de l’éducation qu’il y a eu jusqu’ici à Maurice, en mettant l’accent sur le tout dernier, le projet du Nine-Year Schooling, de voir dans un deuxième temps, les raisons de leur(s) succès ou échec(s) relatif(s). En troisième lieu, nous tenterons de mettre en lumière, en plus amples détails, le projet Prevokbek,ce qui nous permettra, au passage, de comparer les deux systèmes et d’interroger les méthodes utilisées dans le cadre de leur implémentation.
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